Pekko est le cauchemar de la machine à lobotomie. Il est maintenant impossible de compter le nombre de fois où le jeune ex-informaticien a dû passer sous le scalpel afin d’enrayer sa mémoire. Le problème de notre asperger est que sa mémoire exceptionnelle et son attention tout aussi exceptionnelle pour les détails sont, dans le laboratoire, jumelé au fait que chaque lobotomie reparte sa carte mémoire à zéro, lui laissant du coup un grand espace de disquette pour la curiosité. Ainsi, suivant ses instincts, celui-ci arrive à mémoriser presque à coup sûr des détails administratifs sans le vouloir entre chaque séance. Le nom de chaque gardien, le changement de quart à la seconde près, l’emplacement de la carte d’accès, d’un tel ou le code walki-talki d’un autre, l’emplacement de son dossier dans la filière de son psychologue, ce que celui-ci aime, le nom de la personne qui lui téléphone avant chaque séance… Heureusement, Pekko est un chic type. Un peu niait sur les bords, semblant plutôt centré sur sa personne aux premiers abords, mais très loquace et sympathique. Il souhaite devenir ami avec tous ceux qu’il rencontre, s’intéresse à eux et ne manque jamais de les saluer en leur disant leur nom, si bien qu’il est possible de savoir quand Pekko va passer sous la machine. Il demandera alors aux gens « qui êtes-vous? » Cet homme un peu particulier, bien qu’affichant toujours un joli sourire, est incapable d’apprécier les bonnes blagues et de saisir les émotions comme les gens de son entourage. Il sait, par exemple, qu’il est de bon goût de sourire lorsque quelqu’un raconte une blague, mais trouvera toujours difficile de trouver le moment exact où sourire, puisqu’il n’arrive pas à ressentir la joie que procure cette blague. Aussi bien vous indiquer qu’il est inutile de lui expliquer ce qu’est le sarcasme. Les émotions et les autres subtilités de ce genre sont un mystère pour lui.