Fridrik a une sainte horreur des agoras. Pas à cause de la foule, pas à cause de l’espace dense, mais à cause du bruit. Les chiens qui jappent, les enfants qui crient en jouant, les bébés qui hurlent, les téléphones qui sonnes, les gens qui parlent fort entre eux, les bruits étourdissants des chantiers de construction ou des centres commerciaux où joue cette horrible musique à journée longue… Le bruit éveille en lui une répulsion de toute existence, jusqu’à souhaiter sa propre annihilation. Afin de se protéger de cette agression constante, il a eu une idée brillante. Il s’est muni d’un baladeur branché à des musiques de plusieurs sortes dont il apprécie la sonorité pour la sérénité qu’elle lui apporte. Depuis son entrée au laboratoire, son trouble semble s’être stabilisé; la musique jouant maintenant dans sa tête, il porte ses écouteurs autour de son cou mais ceux-ci ne semblent être branchés à aucune machine. Malgré l’omniprésence de cette musique, il arrive parfois à faire la conversation avec une autre personne. Il lui demandera alors souvent de chuchoter et fera de même, afin de n’entendre aucun son irritant sortir de sa propre bouche. Il est d’un naturel timide, peu sociable vu son état et distrait. Il apprécie surtout qu’on le laisse seul. Rien ne semble déranger ce cobaye tant que la musique joue dans sa tête. Il se sent dans le laboratoire un peu comme chez lui puisqu’il est possible d’y passer de longues heures en silence au besoin. Il n’a jamais encore connu l’amitié, s’ouvrant trop peu et accordant sa confiance aux autres qu’au goutte par goutte.